202                              [l58o]JOURNAL
habitans de Paris , les uns de gré par forme d'aumône, et les autres par quête imposée sur eux. La contagion fut plus effroyable que dangereuse : car en tout cet an 15 80 il ne mourut pas, à Paris et aux fauxbourgs, plus de trente mil personnes ; et fut néanmoins l'effrov si grand que la plupart des habitans vuida hors la ville, et les forains n'y vinrent environ six mois durant : de sorte que les pauvres artisans cri oient à la faim, et jouoit-on aux quilles sur le pont Notre-Dame, et en plusieurs autres ruës, même dans la grande salle du Palais. Cette peste et contagion venant de Paris, s'épan-dit par maints villages, bourgs et petites villes d'alen­tour, où elle fut plus cruelle et dangereuse.
Le lundy 18 juillet, La Fere étant assiégée par le maréchal de Matignon, les assiégés font des saillies, en l'une desquelles est blessé La Vallette et d'Arquèse-, qui eut sept dents et une partie des mâchoires empor­tée. De May, gentilhomme signalé, y fut tué.
En ce mois, le Roy, nonobstant les promesses qn'il avoit faites au clergé, lui demanda deux décimes extra­ordinaires ; mais il lui fit dire, pour donner couleur à cette nouvelle vexation, que la nécessité le forçoit à le faire, à cause de sept camps qu'il lui faloit entretenir pour ranger les huguenots. Il leur auroit fait belle peur s'il en eût seulement eu un bon.
En ce même mois, la femme de M. Bisseaux, conseil­ler en la grande chambre, encore qu'elle fût de la re­ligion , mourut catholique, moyennant six écus que son
f») D'Arques : Anne, duc de Joyeuse, amiral de France. II, s'appe-toit d'Arques ayant d'épouser Marguerite de Lorraine , beUe-fceur dn Roi. En faveur de ce mariage, le vicomté de Joyeuse fut érigé en duché.
Digitized by